Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/17

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plus tôt aux tristesses de la guerre. On exploite l’inévitable lassitude, la misère qui croît, et le Bonnet rouge n’est plus seul à propager le découragement. Tout cela est encore vague et obscur, mais on sent quelque chose de trouble dans l’air qu’on respire.

21 octobre 1916.

Le parti radical-socialiste s’est réuni en congrès. Malvy vient joyeusement m’annoncer qu’il a voté une motion favorable à la continuation de la guerre jusqu’à la victoire. Il ne comprend pas cette victoire sans la restitution de l’Alsace et de la Lorraine et sans des garanties sérieuses contre une nouvelle agression du militarisme germanique. De son côté, Antonin Dubost me remet un nouveau travail qu’il a composé pour justifier les droits de la France à la rive gauche du Rhin. Au congrès radical-socialiste, MM. Renoult, Noulens, Franklin-Bouillon se sont trouvés d’accord avec Malvy.

Malheureusement, les nouvelles d’Orient et, en particulier, la prise de Constantza, troublent la sécurité du Conseil et l’inquiétude s’empare de plusieurs membres du gouvernement. Une conférence se tient à Boulogne entre ministres français et anglais. On y parle beaucoup de la Grèce, mais je ne sais ce qui s’y passe que par Briand, et Briand, lorsqu’il me rapporte des paroles de Grey, est assez porté à le faire parler comme lui-même et à le montrer plein de bienveillance envers Constantin. Ribot et Bourgeois disent, au contraire, que Grey se défie du roi de Grèce et approuve notre envoi de marins à Athènes. Mais le gouvernement anglais ne veut nous donner aucune diversion pour Salonique. Briand avait cependant cru et nous avait dit que nos alliés étaient, en principe, d’accord avec nous sur ce point. Voilà