Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/19

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mécontentement des Alliés, s’il est tel que le rapporte Briand, n’est pas tout à fait spontané et il ne parle pas sans inquiétude des intrigues nouées au G. Q. G. contre le commandant de l’armée d’Orient.

Au retour, Roques verra le roi Constantin et lui parlera avec fermeté de l’obligation où nous sommes d’assurer la pleine sécurité de notre corps expéditionnaire.


À la fin d’octobre, les officiers de liaison me signalent un « mauvais esprit » qui commencerait à se manifester chez nos « poilus », notamment chez les territoriaux. Ce que j’ai noté moi-même, c’est que le ministère des Finances ayant fait distribuer aux armées des imprimés en faveur de l’emprunt projeté, les feuilles m’ont été renvoyées du front par dizaines avec des injures et des menaces.

D’autre part, voici, vers la même date, un mauvais son de cloche de la Somme. Les Allemands nous ont repris « La Maisonnette » que notre succès avait illustrée, et nos opérations se sont ralenties au point que c’est maintenant à l’ennemi qu’appartient l’initiative.


Le 1er novembre, nous faisons une visite qui n’est, en ce moment, que trop justifiée. Nous allons, ma femme et moi, aux principaux cimetières de Paris. Partout la population est digne et très calme dans sa tristesse. Il ne semble pas qu’elle soit gagnée par le « défaitisme ».

Ce même jour, je reçois Paul Cambon, avec qui je m’entretiens longuement. Il me dit et me prouve que jamais le gouvernement français n’a parlé fermement à Londres sur les affaires grecques.


Le 2 novembre, Ribot m’apporte des renseignements sur l’emprunt. Les efforts faits pour