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COMMENT FUT DÉCLARÉE LA GUERRE DE 1914

dans certaines circonstances, acculé à de promptes résolutions, et qu’en ce cas il ne lui serait pas possible de rester longtemps à l’écart. Ce télégramme, qui, remis demain à Guillaume II, fera pester Sa Majesté impériale (l’Angleterre se découvre au moment où elle est d’avis que nous sommes traqués… Cela veut dire que nous devrions abandonner l’Autriche), pousse ce soir Bethmann-Hollweg à insister derechef auprès de l’Autriche : Nous sommes prêts, télégraphie-t-il, à remplir nos obligations d’alliance ; mais nous devons refuser de nous laisser entraîner par Vienne à la légère, et sans que nos conseils soient écoutés, dans une conflagration universelle. Et il télégraphie à Lichnowsky, pour rassurer sir Ed. Grey ; et il télégraphie à Pourtalès : Je vous prie de dire à M. Sazonoff que nous continuons notre médiation, mais à la condition que la Russie, en attendant, s’abstienne de tout acte d’hostilité contre l’Autriche. Il ne proteste plus contre la mobilisation partielle annoncée en Russie ; il ne demande plus qu’elle soit suspendue ; il se borne à poser la condition qu’il ne soit entrepris contre l’Autriche aucune action offensive. Mais l’Autriche continue à se réserver, à louvoyer, à biaiser, et le comte Berchtold déclare qu’il n’est pas encore en mesure de donner une réponse immédiate. L’Autriche veut, de toute évidence, prendre le temps d’en finir avec la Serbie. Le gouvernement allemand lui a mis les rênes sur le cou ; elle s’est échappée et, comme il aurait dû le prévoir, il ne peut plus l’arrêter.