Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/154

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— 3, ce n’est pas par hasard, c’est parce que la loi de Newton l’exige. C’est une constante essentielle.

Je ne sais si cette manière de faire au hasard sa part est légitime en soi, et si cette distinction n’a pas quelque chose d’artificiel ; il est certain du moins que, tant que la nature aura des secrets, elle sera dans l’application fortement arbitraire et toujours précaire.

En ce qui concerne la constante des aires, nous avons coutume de la regarder comme accidentelle. Est-il certain que nos astronomes imaginaires en feraient autant ? S’ils avaient pu comparer deux systèmes solaires différents, ils auraient l’idée que cette constante peut avoir plusieurs valeurs différentes ; mais j’ai justement supposé au début que leur système apparaissait comme isolé, et qu’ils n’observaient aucun astre qui y fût étranger. Dans ces conditions, ils ne pourraient voir qu’une constante unique qui aurait une valeur unique absolument invariable ; ils seraient portés sans aucun doute à la regarder comme une constante essentielle.

Un mot en passant pour prévenir une objection : les habitants de ce monde fictif ne pourraient ni observer ni définir la constante des aires comme nous le faisons, puisque les longitudes absolues leur échappent ; cela n’empêcherait pas qu’ils seraient rapidement amenés à remarquer une certaine constante qui s’introduirait naturellement dans leurs équations et qui ne serait