Page:Poincaré - La Théorie de Lorentz et le principe de réaction.djvu/16

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et la fraction du recul de l’appareil producteur qui sera ainsi compensée par le mouvement du diélectrique, c’est-à-dire par le mouvement d’une véritable matière, cette fraction, dis-je sera .

Voilà ce qui résulte de la théorie de Lorentz ; comment passerons-nous maintenant à la théorie de Hertz.

On sait, en quoi consistaient les idées de Mossotti sur la constitution des diélectriques.

Les diélectriques autres que le vide étaient formés de petites sphères conductrices (ou plus généralement de petits corps conducteurs) séparés les unes des autres par un milieu isolant impolarisable analogue au vide. Comment est-on passé de là aux idées de Maxwell ? On a imaginé que le vide lui-même avait la même constitution ; il n’était pas impolarisable, mais formé de cellules conductrices, séparées par des cloisons formées d’une matière idéale, isolante et impolarisable. Le pouvoir inducteur spécifique du vide était donc plus grand que celui de la matière idéale impolarisable (de même que dans la conception primitive de Mossotti, le pouvoir inducteur des diélectriques était plus grand que celui du vide, et pour la même raison). Et le rapport du premier de ces pouvoirs au second était d’autant plus grand que l’espace occupé par les cellules conductrices était plus grand par rapport à l’espace occupé par les cloisons isolantes.

Passons enfin à la limite en regardant le pouvoir inducteur de la matière isolante comme infiniment petit, et en même temps les cloisons isolantes comme infiniment minces, de telle façon que l’espace occupé par ces cloisons étant infiniment petit, le pouvoir inducteur du vide reste fini. Ce passage à la limite nous conduit à la théorie de Maxwell.

Tout cela est bien connu et je me borne à le rappeler rapidement. Eh bien, il y et entre la théorie de Lorentz et celle de Hertz la même relation qu’entre celle de Mossotti et celle de Maxwell.

Supposons, en effet, que nous attribuions au vide la même constitution que Lorentz attribue aux diélectriques ordinaires ; c’est-à-dire que nous le considérions comme un milieu impolarisable dans lequel des électrons peuvent subir de petits déplacements.

Les formules de Lorentz seront encore applicables, seulement ne représentera plus le pouvoir inducteur du vide, mais celui de notre milieu impolarisable idéal. Passons à la limite en supposant infiniment peut ; il faudra bien entendu pour compenser cette hypothèse, multiplier