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LA NOTION D’ESPACE

ment par une sensation appartenant à la coupure.

Si donc la coupure a n dimensions, l’ensemble total de mes sensations rouges, ou si l’on veut, l’espace visuel total en aura n + 1.

Maintenant, je distingue les sensations rouges affectant un point de la coupure C. L’ensemble de ces sensations formera une nouvelle coupure C'. Il est clair que celle-ci divisera la coupure C, en donnant toujours au mot diviser le même sens.

Si donc la coupure C' a n dimensions, la coupure C en aura n + 1 et l’espace visuel total n + 2.

Si toutes les sensations rouges affectant un même point de la rétine étaient regardées comme identiques, la coupure C se réduisant à un élément unique aurait 0 dimension, et l’espace visuel en aurait 2.

Et pourtant le plus souvent on dit que l’œil nous donne le sentiment d’une troisième dimension, et nous permet dans une certaine mesure de reconnaître la distance des objets. Quand on cherche à analyser ce sentiment, on constate qu’il se réduit soit à la conscience de la convergence des yeux, soit à celle de l’effort d’accommodation que fait le muscle ciliaire pour mettre l’image au point.

Deux sensations rouges affectant le même point de la rétine ne seront donc regardées comme identiques que si elles sont accompagnées d’une même sensation de convergence et aussi d’une même sen-