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Page:Poincaré - La Valeur de la science.djvu/116

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LA VALEUR DE LA SCIENCE

ce que nous pouvons faire, c’est de constater expérimentalement que la première condition relative à la vue peut être remplie sans que le soit la seconde, qui est relative au toucher, mais que la seconde ne peut pas être remplie sans que la première le soit.

Supposons que l’expérience nous ait appris le contraire. Cela se pourrait, et cette hypothèse n’a rien d’absurde. Supposons donc que nous ayons constaté expérimentalement que la condition relative au toucher peut être remplie sans que celle de la vue le soit et que celle de la vue au contraire ne peut pas l’être sans que celle du toucher le soit. Il est clair que, s’il en était ainsi, nous conclurions que c’est le toucher qui peut s’exercer à distance, et que la vue ne s’exerce pas à distance.

Mais ce n’est pas tout ; jusqu’ici j’ai supposé que pour déterminer la place d’un objet, je faisais usage seulement de mon œil et d’un seul doigt ; mais j’aurais tout aussi bien pu employer d’autres moyens, par exemple tous mes autres doigts.

Je suppose que mon premier doigt reçoive à l’instant α une impression tactile que j’attribue à l’objet A. Je fais une série de mouvements, correspondant à une série S de sensations musculaires. À la suite de ces mouvements, à l’instant α, mon second doigt reçoit une impression tactile que