Aujourd’hui, nous ne sollicitons plus la Nature :
nous lui commandons, parce que nous avons
découvert quelques-uns de ses secrets et que nous
en découvrons chaque jour de nouveaux. Nous lui
commandons au nom de lois qu’elle ne peut récuser, parce que ce sont les siennes ; ces lois, nous ne
lui demandons pas follement de les changer, nous
sommes les premiers à nous y soumettre. Naturæ non imperatur nisi parendo.
Quel changement ont dû subir nos âmes pour passer d’un état à l’autre ? Croit-on que, sans les leçons des astres, sous le ciel perpétuellement nuageux que je supposais tout à l’heure, elles auraient changé si vite ? La métamorphose aurait-elle été possible, ou du moins n’aurait-elle pas été beaucoup plus lente ?
Et d’abord, c’est l’Astronomie qui nous a appris qu’il y a des lois. Les Chaldéens qui, les premiers, ont regardé le ciel avec quelque attention, ont bien vu que cette multitude de points lumineux n’est pas une foule confuse errant à l’aventure, mais plutôt une armée disciplinée. Sans doute les règles de cette discipline leur échappaient, mais le spectacle harmonieux de la nuit étoilée suffisait pour leur donner l’impression de la régularité, et c’était déjà beaucoup. Ces règles, d’ailleurs, Hipparque, Ptolémée, Copernic, Kepler les ont discernées l’une après l’autre, et, enfin, il est