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hypothèse de m. du ligondès

où elle était proportionnelle à la distance au centre jusqu’à l’état final actuel où elle varie en raison inverse du carré de la distance, il admet, comme Faye (Cf. no 60, p. 72), qu’il y a eu à chaque distance une période directe et une période rétrograde. La loi par laquelle il représente l’intensité de la pesanteur dans la période intermédiaire est seulement plus compliquée, mais aussi elle est plus voisine de la réalité que celle de Faye. La période directe a duré très peu de temps pour les régions extérieures de Neptune et d’Uranus, aussi ces planètes sont-elles rétrogrades. Elle a duré beaucoup plus longtemps pour les régions des planètes intérieures, et lorsque la période rétrograde est arrivée en ces régions, il était trop tard pour changer le sens de rotation de ces planètes déjà presque complètement formées.

86.M. du Ligondès tente aussi d’expliquer certains faits particuliers offerts par le système solaire. Par exemple, Jupiter se trouve être la plus grosse des planètes, parce que le disque équatorial aplati, générateur des planètes, aurait présenté à la distance correspondant à Jupiter un maximum de densité. Il trouve aussi certaines raisons pour rendre compte des lois suivant lesquelles varient les masses des différentes planètes, leurs distances au Soleil, les inclinaisons de leurs axes.

Disons enfin que, d’après M. du Ligondès, l’ordre des planètes, rangées au point de vue de leur âge, serait le suivant : Jupiter, Neptune, Uranus, Saturne, la Terre, Mars, Vénus, Mercure.

Les considérations développées dans les nos 85 et 86 nous paraissent avoir moins d’importance que les précédentes. On pourrait les abandonner sans renoncer aux principes fondamentaux de la théorie que nous venons d’exposer. En ce qui concerne le sens de la rotation des planètes, nous avons vu que la théorie des Marées était seule capable d’en rendre compte ; les objections faites aux idées de Faye sur la « période directe » et la « période rétrograde » conserveraient ici leur valeur. D’autre part, il nous semble prématuré de chercher à rendre compte, par des considérations a priori, des lois qui lient les masses des planètes aux grands axes de leurs orbites, à la durée de leur rotation, au nombre et à la répartition de leurs satellites. Si ces considérations étaient justifiées elles devraient s’appliquer aux systèmes planétaires qui entourent toutes les étoiles, et tous ces systèmes devraient être identiques ce qui est bien peu vraisemblable.