Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
hypothèses cosmogoniques

gulaire de rotation de la Terre est actuellement en voie de décroissance.

131.Une troisième cause peut modifier la rotation de la Terre. Cette cause, c’est l’augmentation de la masse de la Terre par suite de la pluie météorique, de la chute d’étoiles filantes dont elle est bombardée. Ces projectiles qui tombent sur la Terre viennent augmenter son moment d’inertie et, par conséquent, retarder sa rotation. On a dit qu’il suffirait, pour expliquer les 4″ d’accélération séculaire de la Lune dont la gravitation ne rend pas compte, d’admettre que le rayon de la Terre s’accroît de 1 mètre en 10 000 ans, par suite de la chute des météores. Mais un tel accroissement du rayon terrestre représente une pluie météorique vraiment énorme et inadmissible.

V. — Hypothèse sur la formation de la Lune.

132.Nous avons dit que, d’après Sir G. H. Darwin, la Lune à sa naissance était très voisine de la Terre. Mais comment la Lune a-t-elle pu naître de la Terre ?

On peut d’abord supposer, restant dons l’ordre d’idées de Laplace qu’elle s’est formée aux dépens d’un anneau abandonné par la nébuleuse terrestre.

On peut aussi — c’est là une hypothèse proposée par Sir G. H. Darwin — penser que la Terre encore liquide subissait la marée solaire : il est arrivé un moment ou la période propre d’oscillation de cette masse fluide est devenue égale à la période de la marée solaire. Alors l’amplitude de la marée s’est exagérée par suite du phénomène de résonnance : l’intumescence est devenue énorme, et une portion de la masse se serait détachée de la Terre, lui formant un satellite.

Mais une autre hypothèse, que nous allons examiner maintenant, est encore admissible.

133.Rappelons ce que nous avons dit relativement aux figures d’équilibre d’une masse fluide homogène soumise à l’attraction mutuelle de ses parties et tournant avec une vitesse angulaire constante autour d’un axe (no 47). Nous avons comme figures d’équilibre possibles :

1o Des ellipsoïdes de révolution aplatis, dits ellipsoïdes de Mac-Laurin ;