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hypothèses cosmogoniques

est caractérisé par les raies du protohydrogène[1]. Un peu au-dessous sont les types crucien, taurien, algolien, …, où apparaissent d’abord l’hydrogène et l’hélium (étoiles gazeuses) puis l’oxygène et l’azote. Plus bas (types rigelien, markabien), le spectre présente les raies des protométaux (protocalcium, protomagnésium ). Plus bas encore, les raies métalliques apparaissent de plus en plus (types cycnien,…, arcturien) au détriment des raies gazeuses : c’est dans le type arcturien que Sir N. Lockyer place notre Soleil dont le spectre ne présente plus les raies de l’oxygène ni de l’azote. Enfin, tout au bas de l’échelle des températures (types antarien et piscien), on trouve les étoiles à spectre de bandes. Si l’on descendait encore, on trouverait, à gauche les nébuleuses, à droite les étoiles éteintes.

Comment distingue-t-on, par le spectre d’une étoile, si celle-ci doit être rangée sur la branche ascendante ou sur la branche descendante de la courbe des températures ? Il y a sans doute là une certaine part d’arbitraire, puisque, sur la figure 38, deux groupes situés à droite et à gauche sur une même ligne horizontale présentent des spectres assez semblables. Sir N. Lockyer pense néanmoins que certaines raies accessoires peuvent fournir des renseignements à ce sujet : celles des métaux à poids atomiques plus faibles se montreraient de préférence dans les étoiles dont la température s’élève ; celles des métaux à poids atomiques plus forts, dans les étoiles dont la température s’abaisse.

173.La question de la température des étoiles a été reprise récemment à l’Observatoire de Paris par M. Nordmann[2]. Il observa le maximum de radiation dans le spectre en admettant, à titre d’approximation, que la loi de radiation est celle des corps noirs. Les chiffres qu’il obtient nous renseignent tout au moins sur l’ordre de grandeur des températures stellaires, et surtout sur le sens dans lequel varie la température d’une étoile à l’autre. Voici les résultats auxquels il est parvenu :

  1. Les raies de l’hydrogène forment une série satisfaisant à une formule simple (formule de Balmer) où figure un entier arbitraire  ; si dans cette formule on remplace par , on obtient une seconde série de raies, caractéristiques du protohydrogène.
  2. Ch. Nordmann : Sur les atmosphères absorbantes et les éclats intrinsèques de quelques étoiles (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 14 mars 1910).