Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
hypothèses cosmogoniques

été réduite de moitié aussi, puisqu’alors il n’y aurait pas d’onde réfléchie.

181.Revenons à l’exposé de la théorie de M. Arrhenius. Considérons une particule matérielle au voisinage du Soleil. Elle subira à la fois une attraction due à la gravitation et une répulsion due à la pression de radiation provenant de la lumière du Soleil ; l’attraction est proportionnelle à la masse de la particule, la répulsion proportionnelle à sa surface. Par conséquent, plus la densité sera faible et plus les dimensions de la particule seront petites, plus la pression de radiation prendra d’importance relativement à la gravité. Elle pourra même arriver à l’emporter.

Une gouttelette sphérique de même densité que l’eau, parfaitement réfléchissante et de diamètre 0mm,0015, se trouverait en équilibre au voisinage du Soleil sous l’action de la gravité et de la pression de radiation. Si le diamètre de la gouttelette diminuait, la force répulsive deviendrait prépondérante, et la gouttelette serait chassée loin du Soleil. Toutefois, il ne faut pas que le diamètre de la gouttelette devienne par trop petit : s’il devenait de beaucoup inférieur à une longueur d’onde de la radiation incidente, les phénomènes de diffraction changeraient complètement les choses, et, au-dessous d’un certain diamètre, la pesanteur reprendrait son influence prépondérante. Mais, entre ces deux limites, il y a répulsion effective : pour des gouttelettes de 0mm,00016 de diamètre, par exemple, la répulsion due à la lumière solaire serait environ dix fois plus grande que la pesanteur[1]. La proportion pourrait être encore plus forte pour des liquides plus légers que l’eau, comme le pétrole.

182.Ainsi, lorsque de telles particules arrivent au voisinage du Soleil, elles en sont comme chassées. On peut expliquer de cette manière les aspects que présentent les queues des comètes, toujours dirigées à l’opposé du Soleil, et qu’on considérait depuis longtemps comme étant dues à une force répulsive émanée de cette astre. On admet actuellement que cette force répulsive n’est autre que la pression de radiation qui s’exerce sur les particules les plus fines de la matière cométaire.

  1. Pour qu’il y ait pression de radiation, il faut que le corps sur lequel tombe la lumière ne soit pas transparent ; s’il laisse passer la lumière, celle-ci ne produit pas de pression.