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Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/280

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hypothèses cosmogoniques

Cette perte des molécules atmosphériques joue, d’après M. Arrhenius, un rôle extrêmement important dans l’économie des nébuleuses, où la gravité est très faible, ainsi que la densité des gaz constituants. Les parties périphériques perdront donc très facilement leurs molécules à grandes vitesses, refroidissant ainsi les couches les plus éloignées du centre. Il en résulte que la chaleur envoyée par les soleils aux nébuleuses n’élève pas la température de celles-ci : en effet, cette énergie communique de la vitesse à certaines molécules, mais ces molécules s’éloignent de la nébuleuse pour toujours. Ces molécules chaudes finiront par être absorbées par des soleils, contribuant ainsi à entretenir leur rayonnement.

192.Ce mécanisme nous met-il pour toujours à l’abri de la loi de dégradation qu’implique le principe de Carnot ?

Observons que le raisonnement s’appliquerait à un univers fini : si, par exemple, notre Monde n’était pas euclidien mais riemannien, il serait fini quoiqu’illimité ; nous aurions donc un système fini ne se dégradant pas : c’est la négation absolue du principe de Carnot, tel qu’on l’envisage habituellement. Que vont devenir ces particules échappées des nébuleuses ? on peut supposer qu’après avoir erré dans l’Espace, elles finissent par être absorbées par les soleils en formation en leur fournissant à la fois de la matière et de l’énergie ; nous avons vu qu’elles ne sauraient suffire pour entretenir l’énergie des Soleils formés, dont la masse ne s’accroît plus.

Mais ce processus pourra-t-il se poursuivre indéfiniment ? ou bien ne viendra-t-il pas un moment où ces particules errantes rempliront les vides interstellaires, où il n’y aura plus de vide et où, par conséquent, les molécules n’auront plus de raison de quitter les nébuleuses.

Une comparaison fera mieux comprendre notre pensée. Reprenons le cas d’une planète munie d’une atmosphère limitée en équilibre convectif : cet équilibre convectif suppose implicitement des mouvements internes et par suite des frottements : un tel équilibre ne subsistera donc pas indéfiniment, il tendra à se transformer en équilibre isothermique. Dans le cas de l’équilibre isothermique, l’atmosphère n’a plus de limite supérieure, elle s’étend indéfiniment. Comment cet équilibre isothermique s’établira-t-il ? Ce sera par l’échange des molécules entre les parties hautes et les parties basses de l’atmosphère : or, une molécule à grande vitesse partant des régions basses arrivera dans les régions hautes avec une vitesse très diminuée (à