Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/108

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intervalle, la probabilité reste sensiblement constante. Et pourquoi cette probabilité peut-elle être regardée comme constante dans un petit intervalle ? C’est parce que nous admettons que la loi de probabilité est représentée par une courbe continu ; et non seulement continue au sens analytique du mot, mais pratiquement continue, comme je l’expliquais plus haut. Cela veut dire que non seulement elle, ne présentera pas d’hiatus absolu mais qu’elle n’aura pas non plus de saillants et de rentrants trop aigus ou trop accentués.

Et qu’est-ce qui nous donne le droit de faire cette hypothèse ? Nous l’avons dit plus haut, c’est parce que, depuis le commencement des siècles, il y a des causes complexes qui ne cessent d’agir dans le même sens et qui font tendre constamment le monde vers l’uniformité sans qu’il puisse jamais revenir en arrière. Ce sont ces causes qui ont peu à peu abattu les saillants et rempli les rentrants, et c’est pour cela que nos courbes de probabilité n’offrent plus que des ondulations lentes. Dans des milliards de milliards de siècles, on aura fait un pas de plus vers l’uniformité et ces ondulations seront dix fois plus lentes encore : le rayon de courbure moyen de notre courbe sera devenu dix fois plus grand. Et alors telle longueur qui aujourd’hui ne nous semble pas très petite, parce que sur notre courbe un arc de cette longueur ne peut être regardé comme rectiligne, devra au contraire à cette époque être qualifiée