Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

foi du calcul que l’opposition n’aurait jamais aucun représentant.

Les lois du hasard ne s’appliquent pas à ces questions. Si la justice ne se décide pas toujours par de bonnes raisons, elle use moins qu’on ne croit de la méthode de Bridoye ; c’est peut-être fâcheux, puisque alors le système de Condorcet nous mettrait à l’abri des erreurs judiciaires.

Qu’est-ce à dire ? Nous sommes tentés d’attribuer au hasard les faits de cette nature parce que les causes en sont obscures ; mais ce n’est pas là le vrai hasard. Les causes nous sont inconnues, il est vrai, et même elles sont complexes ; mais elles ne le sont pas assez puisqu’elles conservent quelque chose ; nous avons vu que c’est là ce qui distingue les causes « trop simples ». Quand des hommes sont rapprochés, ils ne se décident plus au hasard et indépendamment les uns des autres ; ils réagissent les uns sur les autres. Des causes multiples entrent en action, elles troublent les hommes, les entraînent à droite et à gauche, mais il y a une chose qu’elles ne peuvent détruire, ce sont leurs habitudes de moutons de Panurge. Et c’est cela qui se conserve.

X

L’application du calcul des probabilités aux sciences exactes entraîne aussi bien des difficultés.