Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/130

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en dehors de l’espace, puisque les sensations que nous pourrions éprouver par l’action des corps qui y seraient placés, ne seraient associées à l’idée d’aucun mouvement nous permettant de les atteindre, d’aucune parade appropriée. Ces sensations ne nous sembleraient avoir aucun caractère spatial et nous ne chercherions pas à les localiser.

Mais nous ne sommes pas fixés au sol comme les animaux inférieurs ; nous pouvons, si l’ennemi est trop loin, marcher à lui d’abord et étendre la main quand nous sommes assez près. C’est encore une parade, mais une parade à longue portée. D’autre part, c’est une parade complexe, et dans la représentation que nous nous en faisons entrent la représentation des sensations musculaires causées par les mouvements des jambes, celle des sensations musculaires causées par le mouvement final du bras, celle des sensations des canaux semi-circulaires, etc. Nous devons, d’ailleurs, nous représenter, non pas un complexus de sensations simultanées, mais un complexus de sensations successives, et se suivant dans un ordre déterminé, et c’est pour cela que j’ai dit tout à l’heure que l’intervention de la mémoire était nécessaire.

Observons encore que, pour aller à un même point, je puis m’approcher plus prés du but à atteindre, pour avoir moins à étendre la main ; que sais-je encore ? Ce n’est pas une, c’est mille parades que je puis opposer à un même danger. Toutes ces parades