Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/31

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aideront à mieux voir ou à mieux comprendre les petits changements qui peuvent se produire plus près de nous, dans le petit coin du monde où nous sommes appelés à vivre et à agir. Nous connaîtrons mieux ce coin pour avoir voyagé dans les pays lointains où nous n’avions rien à faire.

Mais ce que nous devons viser, c’est moins de constater les ressemblances et les différences, que de retrouver les similitudes cachées sous les divergences apparentes. Les règles particulières semblent d’abord discordantes, mais en y regardant de plus près, nous voyons en général qu’elles se ressemblent ; différentes par la matière, elles se rapprochent par la forme, par l’ordre de leurs parties. Quand nous les envisagerons de ce biais, nous les verrons s’élargir et tendre à tout embrasser. Et voilà ce qui fait le prix de certains faits qui viennent compléter un ensemble et montrer qu’il est l’image fidèle d’autres ensembles connus.

Je ne puis insister davantage, mais ces quelques mots suffisent pour montrer que le savant ne choisit pas au hasard les faits qu’il doit observer. Il ne compte pas des coccinelles, comme le dit Tolstoï, parce que le nombre de ces animaux, si intéressants qu’ils soient, est sujet à de capricieuses variations. Il cherche à condenser beaucoup d’expérience et beaucoup de pensée sous un faible volume, et c’est pourquoi un petit livre de physique contient tant d’expériences passées et mille fois plus d’expériences