Un exemple simple fera mieux comprendre ma pensée ; je suppose qu’on veuille déterminer une courbe en observant quelques-uns de ses points. Le praticien qui ne se préoccuperait que de l’utilité immédiate observerait seulement les points dont il aurait besoin pour quelque objet spécial ; ces points se répartiraient mal sur la courbe ; ils seraient accumulés dans certaines régions, rares dans d’autres, de sorte qu’il serait impossible de les relier par un trait continu, et qu’ils seraient inutilisables pour d’autres applications. Le savant procédera différemment ; comme il veut étudier la courbe pour elle-même, il répartira régulièrement les points à observer et dès qu’il en connaîtra quelques-uns, il les joindra par un tracé régulier et il possédera la courbe tout entière. Mais pour cela comment va-t-il faire ? S’il a déterminé un point extrême de la courbe, il ne va pas rester tout près de cette extrémité, mais il va courir d’abord à l’autre bout ; après les deux extrémités le point le plus instructif sera celui du milieu, et ainsi de suite.
Ainsi, quand une règle est établie, ce que nous devons rechercher d’abord ce sont les cas où cette règle a le plus de chances d’être en défaut. De là, entre autres raisons, l’intérêt des faits astronomiques, celui du passé géologique ; en allant très loin dans l’espace, ou bien très loin dans le temps, nous pouvons trouver nos règles habituelles entièrement bouleversées ; et ces grands bouleversements nous