Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/52

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Mais alors il n’y a plus des problèmes résolus et d’autres qui ne le sont pas ; il y a seulement des problèmes plus ou moins résolus, selon qu’ils le sont par une série de convergence plus ou moins rapide, ou régie par une loi plus ou moins harmonieuse. Il arrive toutefois qu’une solution imparfaite nous achemine vers une solution meilleure. Quelquefois, la série est de convergence si lente que le calcul est impraticable et qu’on a seulement réussi à démontrer la possibilité du problème.

Et alors l’ingénieur trouve cela dérisoire, et il a raison, puisque cela ne l’aidera pas à terminer sa construction pour la date fixée. Il se préoccupe peu de savoir si cela sera utile aux ingénieurs du XXIIe siècle ; nous, nous pensons autrement et nous sommes quelquefois plus heureux d’avoir économisé un jour de travail à nos petits-fils qu’une heure à nos contemporains.

Quelquefois, en tâtonnant, empiriquement pour ainsi dire, nous arrivons à une formule suffisamment convergente. Que voulez-vous de plus, nous dit l’ingénieur ; et nous, malgré tout, nous ne sommes pas satisfaits ; nous aurions voulu prévoir cette convergence. Pourquoi ? parce que, si nous avions su la prévoir une fois, nous saurions la prévoir une autre fois. Nous avons réussi : c’est peu de chose à nos yeux si nous n’avons sérieusement l’espoir de recommencer.

À mesure que la science se développe, il devient