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Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/92

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pourrions affirmer que c’est celui-là qui a été autrefois beaucoup plus chaud que l’autre.

Il y a donc alors, contrairement à ce que nous avons vu dans les exemples précédents, de grandes différences dans la cause et de petites différences dans l’effet. Flammarion avait imaginé autrefois un observateur qui s’éloignerait de la Terre avec une vitesse plus grande que celle de la lumière ; pour lui le temps serait changé de signe. L’histoire serait retournée, et Waterloo précéderait Austerlitz. Eh bien, pour cet observateur, les effets et les causes seraient intervertis ; l’équilibre instable ne serait plus l’exception ; à cause de l’irréversibilité universelle, tout lui semblerait sortir d’une sorte de chaos en équilibre instable ; la nature entière lui apparaîtrait comme livrée au hasard.

IV

Voici maintenant d’autres exemples où nous allons voir apparaître des caractères un peu différents. Prenons d’abord la théorie cinétique des gaz. Comment devons-nous nous représenter un récipient rempli de gaz ? D’innombrables molécules, animées de grandes vitesses, sillonnent ce récipient dans tous les sens ; à chaque instant elles choquent les parois, ou bien elles se choquent entre elles ; et ces chocs ont lieu dans les conditions les plus diverses. Ce qui nous frappe surtout ici, ce n’est pas la petitesse des