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Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/93

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causes, c’est leur complexité. Et cependant, le premier élément se retrouve encore ici et joue un rôle important. Si une molécule était déviée vers la gauche ou la droite de sa trajectoire, d’une quantité très petite, comparable au rayon d’action des molécules gazeuses, elle éviterait un choc, ou elle le subirait dans des conditions différentes, et cela ferait varier, peut-être de 90° ou de 180°, la direction de sa vitesse après le choc.

Et ce n’est pas tout, il suffit, nous venons de le voir, de dévier la molécule avant le choc d’une quantité infiniment petite, pour qu’elle soit déviée, après le choc, d’une quantité finie. Si alors la molécule subit deux chocs successifs, il suffira de la dévier, avant le premier choc, d’une quantité infiniment petite du second ordre, pour qu’elle le soit, après le premier choc, d’une quantité infiniment petite du premier ordre et après le second choc, d’une quantité finie. Et la molécule ne subira pas deux chocs seulement, elle en subira un très grand nombre par seconde. De sorte que si le premier choc a multiplié la déviation par un très grand nombre A, après n chocs, elle sera multipliée par An ; elle sera donc devenue très grande, non seulement parce que A est grand, c’est-à-dire parce que les petites causes produisent de grands effets, mais parce que l’exposant n est grand, c’est-à-dire parce que les chocs sont très nombreux et que les causes sont très complexes.