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ral, peu de dispositions pour les mathématiques, et même quelquefois les sciences exactes lui inspirent quelque répugnance et un peu de défiance. Ces formes pures du géomètre qui lui semblent vides, sans couleur et sans vie lui causent un mortel ennui et sont pour lui sans intérêt ; il est tout près d’y voir un appareil aussi vain que rébarbatif. Et cependant il est un minimum d’esprit mathématique dont aucun savant ne peut se passer, c’est justement l’esprit d’analyse, qui nous apprend à distinguer les éléments des objets que nous étudions, à les séparer par la pensée les uns des autres, à les comparer et à les combiner. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut se procurer les matériaux d’un raisonnement quelconque, si éloigné d’ailleurs qu’il puisse être du raisonnement mathématique proprement dit. Or, il n’est pas d’observateur si exclusivement observateur, qu’il n’ait besoin de raisonner quelquefois.

Cette habitude de l’analyse, ce n’est pas dans l’étude des mathématiques que le biologiste pourra l’acquérir, si cette étude lui paraît presque aussi fastidieuse qu’au littérateur le plus réfractaire aux sciences. Et peut-être n’est-il pas néces-