Page:Poincaré - Thermodynamique (ed. 1908).djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

place privilégiée parmi toutes les lois physiques ? Il y a à cela beaucoup de petites raisons.

Tout d’abord on croit que nous ne pourrions le rejeter ou même douter de sa valeur absolue sans admettre la possibilité du mouvement perpétuel ; nous nous défions, bien entendu, d’une telle perspective, et nous nous croyons moins téméraires en affirmant qu’en niant.

Cela n’est peut-être pas tout à fait exact ; l’impossibilité du mouvement perpétuel n’entraîne la conservation de l’énergie que pour les phénomènes réversibles.

L’imposante simplicité du principe de Mayer contribue également à affirmer notre foi. Dans une loi déduite immédiatement de l’expérience, comme celle de Mariotte, cette simplicité nous paraîtrait plutôt une raison de méfiance ; mais, ici, il n’en est plus de même ; nous voyons des éléments, disparates au premier coup d’œil, se ranger dans un ordre inattendu et former un tout harmonieux ; et nous nous refusons à croire qu’une harmonie imprévue soit un simple effet du hasard. Il semble que notre conquête nous soit d’autant plus chère qu’elle nous a coûté plus d’efforts ou que nous soyons d’autant plus sûrs d’avoir arraché à la nature son vrai secret qu’elle a paru plus jalouse de nous le dérober.