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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/116

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scène de nuit

rement inquiet : si la joie le faisait déraisonner ? Mais non. Edward semblait maintenant avoir recouvré tout son sang-froid. Aussi, flairant dans la conduite de son ami un mystère dont il ne tarderait pas à avoir la clé, il se tut prudemment.

Quant au Métis, depuis qu’il avait été témoin de l’exaltation de Simpson, après la lecture de la lettre, il ne conservait plus l’ombre d’un doute sur l’identité de ce destinataire.

La restitution du revolver et du couteau acheva de le bien disposer. Il répondit dans un anglais assez pur aux questions nombreuses qui lui étaient posées au sujet du fermier et de sa fille, et, sans se faire prier, avec beaucoup de bonne grâce, il raconta aux deux officiers étonnés à quels stratagèmes il devait de se trouver en ce moment près d’eux… Le plus difficile avait peut-être été de découvrir le lieutenant Clamorgan : même après avoir déterminé l’emplacement exact affecté dans le camp aux carabiniers, il avait un instant, perdu dans l’obscurité, désespéré d’arriver à son but… Ce fut le mince filet de lumière filtrant par-dessous la tente qui le tira d’embarras. Il s’était très doucement approché de l’entrée et, en écartant légèrement la toile, il avait aperçu l’homme qui répondait au signalement donné par la jeune Anglaise. Alors, sans hésitation, il était entré.

— Parfait ! s’écria Went avec volubilité et enthousiasme… Vraiment splendide !… Sang-froid étonnant… Comment vous appelez-vous ? Quel âge avez-vous ?