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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/140

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le combat de fish-creek

By God ! Charlie, ça va chauffer tout à l’heure, s’écria Edward, et je crois que, cette fois, vous allez pouvoir dérouiller le canon de votre revolver, comme vous dites.

Parmi les carabiniers de Winnipeg, il n’y avait peut-être pas un homme aussi heureux que le lieutenant Simpson. Depuis qu’il savait sa fiancée à Batoche, il plaisantait à tout propos avec Went et s’oubliait même jusqu’à soutenir devant ses camarades scandalisés que les demi-blancs n’étaient pas, somme toute, ces affreux sauvages dont la presse anglaise avait tant médit, mais, au contraire, d’assez braves gens coupables seulement d’un peu d’indiscipline.

De son côté, son ami Charlie cumulait diverses satisfactions dont la moindre n’était certes pas la perspective de dérouiller bientôt le canon de son revolver.

L’occasion ne pouvait tarder à s’en présenter.

Le 22 avril, au soir, le général Middleton, dans le but de prendre le village à revers, tandis que lui-même l’attaquerait de front, faisait passer sur la rive gauche de la Saskatchewan une partie de ses troupes ; les berges, glissantes en cet endroit, la rapidité du courant, les blocs de glace entraînés par la crue printanière rendaient l’opération difficile, et ce ne fut qu’après de grands efforts et de nombreux voyages du chaland, que le 10e grenadiers de Toronto, quatre canons et cinquante éclaireurs se trouvèrent enfin réunis sur l’autre bord sous les ordres de lord Malgund et du colonel d’artillerie de Montizambert.