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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/141

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les arpents de neige

Le 23, au matin, la marche en avant reprit des deux côtés de la rivière. Le temps allait s’adoucissant chaque jour. Maintenant, on commençait à sentir passer dans l’air des souffles de printemps : la neige n’était pas encore fondue sur tous les points, mais partout où le sol recevait la lumière, il faisait germer avec hâte, et sans attendre son complet dépouillement, une immense quantité de petites fleurs charmantes qui semblaient saluer le retour des beaux jours.

Sous la douce influence du ciel, l’entrain et presque la gaieté étaient revenus parmi les troupes canadiennes, et, ce jour-là, — le 24 avril, — on marchait depuis le matin plus alertement que jamais, quand la colonne de droite avait été subitement arrêtée à un mille à peine du défilé de Fish-creek

Sans perdre une minute, le général Middleton donna l’ordre au major Boulton de prendre avec lui tous les éclaireurs et de se porter en avant pendant que le gros de la colonne se préparait à l’attaque :

— J’ose espérer que nous n’allons pas longtemps moisir ici, dit Went en examinant le barillet de son revolver.

Une voix impatientée s’éleva à peu de distance.

— Lieutenant Simpson, qu’attendez-vous donc pour faire mettre la baïonnette aux fusils de vos hommes ?

Et le capitaine Clarke, qui commandait le 90e bataillon de carabiniers, passa affairé non loin d’eux.

Un instant après, on reprenait la marche, mais