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LES
ARPENTS DE NEIGE

I
présentations

Un ciel triste auquel allait bientôt manquer le jour pesait sur la Saskatchewan glacée par le rude hiver du Nord-Ouest canadien, sur les bois enneigés qui dévalent ses berges et sur quelques maisons assez primitives construites en contre-bas des futaies.

Autour de ces bâtiments en planches ou en troncs d’arbres à peine équarris étaient rassemblés des gens étranges, la plupart bruns comme des bohémiens, vêtus de cuir souple et de « capots » de laine, et qui s’interpellaient dans un français douteux, semblable, à s’y méprendre, au patois bas-normand.

Questions, réponses, exclamations se croisaient et ricochaient sans trêve dans les groupes.

— Dis donc, grand-père, c’est-y vrai qu’on les a battus ?

— Aussi vrai que tu t’appelles Pierre La Ronde, mon gâs…