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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/173

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les arpents de neige

— Excusez encore de vous faire une question, reprit-il, mais est-ce là l’homme qu’on accuse d’avouère tiré su’mon frère ?

— Oui, répondit Trim, c’est lui !

— Mais, qu’est-ce qu’on va lui faire ?

— Ce qu’on va lui faire ? Drôle de demande ! On ne va pas le récompenser apparemment ! On tâchera de connaître pourquoi il a tiré su’Jean… puis de ça on le traitera selon qu’il aura mérité…

— Ça veut dire qu’on le fusillera !

— P’t-être ben que non, p’t-être ben que si ! C’est selon…

Pierre parut se recueillir un instant, puis, avec calme, mais d’un ton singulièrement ferme, il déclara :

— On ne fusillera pas ce sauvage… Et, loin de le faire pâtir d’aucune manière, on le mettra en liberté !

— Tu es fou !

— Non… mais je suis juste. C’est pas lui qui a tiré su’mon frère !

Trim haussa les épaules avec humeur :

— Qué que tu nous contes là, voyons !

— La vérité !

— Peux-tu nous fournir des preuves de ce que tu avances ? demanda Dumont, moins partial et plus maître de lui.

Le jeune homme hésita :

— Le Loucheux se trouvait à ras de moué dans la tranchée, répondit-il enfin.

— C’est pas une raison. Tu avais autre chose à faire qu’à veiller sur le Loucheux ! Il a pu tirer