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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/187

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les arpents de neige

frère peut-il me répéter les propos qu’il m’a tenus, hier, au sujet du petit-fils de Renard-Jaune ?

Le Peau-Rouge feignit tout d’abord l’ignorance.

— Qu’ai-je donc dit ? Cela a passé dans mon esprit sans laisser plus de traces qu’un poisson dans un lac.

— Que le Loucheux se souvienne ! ordonna sévèrement Dumont. Est-il donc nécessaire d’avoir recours au « manitokasou » pour le faire parler ?

Au souvenir redouté et haï de Trim « le magicien », le Cri se sentit troublé :

Que mon frère patiente un instant, dit-il vivement. Le guerrier va tâcher de se souvenir.

— Ce qui est vrai, reprit le Sang-Mêlé, c’est que c’est le fils du fils du Renard-Jaune qui t’a donné de l’eau de feu ?

— C’est la vérité.

— Je sais aussi que, moyennant cette eau de feu, tu t’es chargé de prévenir les parents de l’absence de leur fils. Mais où allait le jeune homme ?

— Je ne sais… Il n’a pas voulu me le dire malgré mes instances.

— Ta langue est fourchue, homme rouge ! N’as-tu pas déclaré que le jeune Sang-Mêlé allait au camp des soldats de la Mère-Blanche ?…

— Non ! J’ai seulement exprimé que c’était mon opinion… Mais je ne sais rien de plus !

Dumont constata que ces réponses concordaient parfaitement avec celles des précédentes déclarations du Loucheux. Pourtant, le rôle de ce dernier dans l’affaire demeurait encore bien peu clair.

Feignant des recherches parmi des paperasses