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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/232

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l’attaque de batoche

instant après, les batteries amenées au bord du plateau balayent la pente d’une tempête de projectiles.

Après cette vive alerte, les grenadiers suivis des carabiniers, sous la protection de l’artillerie, commencèrent, au son des bugles, la marche en avant… En contre-bas, à hauteur du presbytère, on apercevait le gros des troupes de Riel qui se repliaient, en bon ordre, sur les bois. Seuls, quelques acharnés demeurés en arrière et cachés derrière des barricades improvisées ou à l’angle des maisons, accueillirent les Canadiens par un feu assez vif lorsqu’ils abordèrent le village.

Mais, refoulés graduellement, ils finirent par disparaître, et, quand Middleton déboucha, à son tour, sur la place, il n’aperçut qu’un prêtre qui, sur le seuil de l’église, agitait un drapeau blanc.

Le général donna quelques ordres, et, tandis que ses troupes s’arrêtaient pour souffler, il s’avança vers le parlementaire.

C’était le P. Léonard.

Le chef des troupes anglaises lui tendit la main et lui demanda s’il n’avait pas de proposition à lui soumettre :

— Nulle autre que celle-ci, général, lui dit le religieux. Il a coulé trop de sang déjà, et je voudrais tenter d’arrêter cette triste effusion : si donc il vous plaisait de nous faire certaines conditions acceptables, je pourrais aller trouver Louis Riel…

— Le Gouvernement m’a donné pour mission de prendre Batoche, répliqua Middleton d’un ton ferme. Et à moins d’une capitulation complète…