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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/233

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les arpents de neige

— Une capitulation complète, général ! Mais, oubliez-vous que Riel et Dumont ont ici, sous leurs ordres, huit cents hommes résolus, qu’ils sont retranchés fortement dans le bois et que le reste du village est solidement fortifié ?…

— Je sais tout cela, dit Middleton.

— Oui. Mais vous ignorez peut-être que votre vapeur à moitié désemparé descend la rivière au fil du courant et qu’il va sans doute tomber sous peu entre nos mains. De plus, un corps considérable d’Indiens, susceptibles de nous prêter main-forte à tout moment, campe de l’autre côté de l’eau… Dans ces conditions, parler de capitulation complète me semble au moins prématuré… Je crois qu’une entente…

— Il m’est impossible d’admettre aucune composition ! interrompit un peu sèchement l’Anglais.

— Mais il y a aussi les considérations d’humanité, continua le prêtre sans se décourager. Le curé de la paroisse, un vieillard, vient d’être atteint d’une balle dans son presbytère même. Dans cette église, des femmes, des enfants ont cherché un refuge.

— Ils ne peuvent y rester. Où mettrai-je, moi, mes blessés ? Où logerai-je, en cas de besoin, mes officiers ?

— Votre mitraille a déjà blessé, ce matin, pas mal de ces non-combattants, général. Si vous les renvoyez dans le bas du village, elle fera sans doute d’autres victimes…

— Qu’y puis-je ?… J’ai le regret d’être obligé de m’en tenir à ce que je vous ai dit.