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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/243

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les arpents de neige

leurs paquets de cartouches, la sonnerie mordante du bugle vibrait dans l’air.

— À nous ! s’écria le jeune Métis.

Des cavaliers, une soixantaine environ, se précipitaient au galop sous les bois. Derrière eux, on apercevait les masses profondes de l’infanterie canadienne qui s’ébranlait au pas de charge, baïonnette au canon. On espérait évidemment que la plupart des cavaliers pourraient parvenir aux tranchées et donner aux troupes, vigoureusement entraînées dans leur sillage, le temps d’arriver aux « rifles— pits  » sans grandes pertes.

Mais, gênés par les éclaireurs cris embusqués un peu partout, accueillis par la fusillade meurtrière du gros des Métis, ceux qui composaient cette avant-garde héroïque, avant d’avoir atteint la moitié de leur parcours, roulèrent, pour les trois quarts, sur le sol avec leurs montures ; d’autres furent emmenés à droite et à gauche par les chevaux affolés, en sorte que carabiniers et grenadiers, sans avoir gagné beaucoup de terrain à leur suite, demeurèrent exposés au feu d’un ennemi qui tirait sans relâche avec une terrible justesse…

Un instant après, ils étaient contraints de se retirer, et seul demeura dans le bois, avec les victimes de cette tentative, un poney qui, insoucieux des détonations, allongeait le cou pour flairer le cadavre de son maître étendu sur le sol.

Une demi-heure s’écoula…

De part et d’autre, le feu avait molli. Les munitions, du côté des Métis, diminuaient de nouveau :

— On approche de 5 heures, je pense, dit Fran-