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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/242

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un drapeau en danger

— Alors, je vais en faire distribuer un certain nombre que j’ai en réservé. Mais, comme cela ne suffira pas, il faut que quelqu’un traverse la rivière pour aller en demander au camp des Cris, où il y en a des provisions… Veux-tu y aller, Pierre ? Monsieur de Vallonges, vous pouvez l’accompagner, si le cœur vous en dit : cela vous distraira, car vous me faites l’effet de vous ennuyer beaucoup dans ce trou…

— C’est la vérité pure, avoua Henry… Je conviens qu’une charge de cavalerie, sabre au poing, et voire même une simple charge à la baïonnette, ferait singulièrement mieux mon affaire…

— Ah ! la baïonnette !… Nos gens ne connaissent ça qu’au bout des fusils anglais… Mais vous reconnaîtrez, Monsieur de Vallonges, que leur manière de combattre n’est pas si mauvaise dans la circonstance, puisque voilà deux heures que les troupes canadiennes se battent contre eux sans pouvoir avancer… Mais je vous quitte, Monsieur, car il faut que j’ordonne la distribution de cartouches.

Tandis que le chef des Métis s’éloignait, le Français et l’aîné des fils La Ronde se disposèrent eux-mêmes à descendre à la rivière.

— Il y a deux canots de cachés sous les halliers du bord, expliqua Pierre à son compagnon. C’est plus qu’il n’en faut pour nous.

À la lisière du bois, le feu s’était ralenti.

— M’est avis qu’y serait temps qu’on reçoive nos munitions, observait Jean. Ça ne va pas tarder à chauffer… Y préparent sûrement quéque chose.

Au moment précis où Riel leur faisait remettre