Aller au contenu

Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
les arpents de neige

qu’une clameur furieuse retentit en bas dans l’intérieur même de l’église.

Puis ce fut un tumulte de voix gutturales, parmi lesquelles les jeunes gens reconnurent pourtant celle de Pitre-le-Loucheux. Cela dura une demi minute à peine, au bout de laquelle le tapage se poursuivit dehors.

Les Bois-Brûlés respirèrent :

— Que se passe-t-il ? demanda Jean.

— J’ai pas compris. Y parlaient tous ensemble… Mais, tu sais, je serais pas étonné quand y s’en prendraient au Loucheux, rapport à l’homme que j’ai expédié… Descendons toujours. On verra ben de quoi y retourne.

Dès qu’ils eurent touché le parvis au milieu d’une obscurité profonde, ils prêtèrent l’oreille.

Pierre La Ronde ne s’était pas trompé en opinant que les Pieds-Noirs prenaient le Cri à partie. Au moment où ce dernier quittait l’échelle de la tour, les compagnons de la victime du Métis pénétraient dans l’église. La découverte du cadavre à un endroit où l’ennemi ne s’était pas avancé, la manière dont l’homme avait été tué, les avaient induits en soupçon, et ils s’apprêtaient justement à explorer le sanctuaire lorsque la malchance voulut que l’infortuné Loucheux, en descendant de la tour, tombât sur le groupe irrité.

S’emparer de lui, l’entraîner dehors malgré ses protestations fut, pour eux, l’affaire d’un instant.

Là, ils reconnurent à qui ils avaient affaire. Mais cela n’était pas pour les calmer. De tous temps, les tribus Pieds-Noirs et Cris furent d’irré-