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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/256

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réconciliation et prouesses

dire combien d’éclaireurs sont postés aux abords de la maison du Grand-Esprit, nous ouvrirons avec plaisir nos oreilles à tes paroles.

— C’est chose facile, Sang-Mêlé. Il y en a cinq devant, environ le même nombre derrière, et beaucoup, beaucoup d’autres plus loin qui surveillent le bois du côté où on ne se bat pas… Mais, quel est ce bruit que j’entends en bas ?

La canonnade s’était tue, la fusillade s’était ralentie, et, dans ce calme relatif, montait, en effet, de la porte de l’église, un concert d’imprécations.

— Ce sont les éclaireurs, dit le Cri au bout d’un instant. Il se passe quelque chose… L’Indien doit s’éloigner, car il ne convient pas qu’on le trouve en ce lieu avec vous… Que mes deux frères sachent pourtant que je ne les vendrai pas !

— Dans l’espèce des « gensses » qui ne valent pas cher, on ne dénichera pas vite son pareil ! déclara Pierre lorsque le Loucheux eut disparu.

Mais c’est pas tout ça, reprit-il vivement. On n’a que trop jasé… S’agit, à c’te heure, de « démarrer d’icite », quoique la chose ne soit pas commode…

— C’est mon avis, avoua Jean. Entends-tu les Pieds-Noirs en bas ? Y crient comme une volée de corbeaux, et je suis sûr que c’est autour du cadavre de l’éclaireur que t’as expédié !

— Ça se pourrait ben… Puis de ça j’ai « doutance » que le maudit Loucheux va nous jouer un tour. Je me méfie de lui comme de la « picotte ». Qui a trahi trahira.

— En ce cas, en avant ! conclut le second des La Ronde en prenant l’échelle.

À peine avaient-ils descendu quelques échelons