Aller au contenu

Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
la lutte continue

Et il ordonna au Cri lui-même de porter cet avis à l’un des aides de camp de Middleton.

Pitre-le-Loucheux n’avait pas menti en affirmant à Edward l’exactitude de son renseignement. Depuis le début de l’action, le vindicatif Peau-Rouge rôdait sur la droite de la lisière du bois, en quête de l’occasion de se glisser jusqu’aux abords du camp des Bois-Brûlés : cela fait, tapi derrière quelque buisson, il comptait attendre, avec la patience proverbiale de l’Indien, le moment où Dumont et Trim passeraient à bonne portée de son rifle. Il exécuta assez facilement la première partie de ce programme. Aplati derrière une grosse souche au point de se confondre presque avec elle, il guetta ses deux ennemis comme un jaguar guette sa proie ; de temps à autre, la tête doucement soulevée, il promenait ses yeux bigles mais si perçants sur les tranchées, après quoi il reprenait sa position première. Il se trouvait là depuis fort longtemps, lorsqu’il perçut, malgré la fusillade qui crépitait sur sa gauche, de légers bruits de pas, et bientôt le murmure de deux voix qui se donnaient la réplique. Il ne dressa pas la tête, crainte d’être aperçu, mais s’assura rapidement du jeu de son couteau dans la gaine, mit la main sur la crosse de son revolver et se colla littéralement à la souche. Cette souche était la racine énorme, surélevée d’un gros arbre, et, derrière cet arbre, les deux nouveaux venus s’arrêtèrent, sans doute pour épier les mouvements de l’ennemi avant de pousser plus loin leurs investigations. Aux propos de ces deux hommes, le Loucheux ne tarda pas à s’apercevoir qu’il