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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/275

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les arpents de neige

— Puisses-tu dire la vérité, mille tonnerres !

— Ça, la vérité… tout à fait la vérité… affirma l’Indien en s’éloignant…

Le lieutenant Simpson avait entendu ce dialogue. Il reconnut, dans ce Scout, le transfuge auquel il devait déjà certains renseignements. Il le rappela :

— Que viens-tu de dire là ? questionna-t-il, que les rebelles vont manquer de munitions ?

— Oui.

— Qu’en sais-tu ?

— L’Indien avoir entendu demi-blanc parler… Oui, oui, sûr… Eux manquer de cartouches…

Edward comprit qu’essayer de tirer un renseignement plus clair de cet homme serait pour lui peine perdue. Il n’en avait ni le loisir au milieu du combat, étant donné surtout la difficulté de son interlocuteur de s’exprimer en anglais, ni le moyen pratique, ne connaissant pas lui-même la langue crise. Cependant, il pouvait être extrêmement utile pour presser le dénouement de l’action d’aviser immédiatement le chef de la situation des rebelles. Ce singulier Scout ne paraissait guère s’en soucier, mais, comme c’était un transfuge non embrigadé, cela s’expliquait un peu, et il était nécessaire de lui faciliter sa tâche. Le parti de l’officier fut vite pris.

Vivement, il griffonna sur une feuille de son carnet :

Utilité immédiate de faire interroger le porteur de ce pli devant le major général.

Simpson.