Aller au contenu

Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXVII
deux revenants

Le lendemain, dès la première heure, Jean-Baptiste La Ronde quitta la maison de son hôte pour se mettre à la recherche du prêtre qui devait à la fois bénir la tombe de l’infortuné Trim et assister, à ses derniers moments, Athanase Guérin.

On le disait réfugié à l’agence indienne de One-Arrow. La réserve de One-Arrow, attribuée à Poundmaker et à la bande qu’il commandait, était située à quatre milles environ de la ferme Cadotte. Une trentaine de loges s’y groupaient, en temps ordinaire, autour de l’agence, mais, lorsque La Ronde y arriva, ce matin-là, il éprouva une impression singulière d’abandon à n’apercevoir plus que les misérables cahutes de terre et de bois qui servent d’abris aux Indiens quand la mauvaise saison les oblige à abandonner la tente.

Le premier homme qu’il aperçut fut un personnage court et trapu, vêtu de cuir souple, coiffé d’une toque de fourrure, et qui s’avança précipitamment vers lui avec des démonstrations dont les Indiens ne sont guère coutumiers. Mais, quand ils ne furent plus qu’à quelques pas l’un de l’autre, Baptiste s’arrêta net, abasourdi, stupéfié.

— Tu ne reconnais donc plus les vieux amis, Baptiste ? lui dit l’homme en l’abordant