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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/356

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l’espoir renaît

leur dit-il sans préambule. Il est condamné à mort.

Un silence impressionnant suivit ces paroles. Encore que nul des Métis ne s’illusionnât beaucoup sur le sort du chef, la confirmation de leurs craintes mettait sur toutes ces faces brunes un air de consternation profonde.

— Chiens d’Anglouais ! gronda enfin la voix de Jean.

— J’en avais « doutance ! » appuya Baptiste.

— C’était, en effet, facile à prévoir, reprit Henry avec émotion. Dieu sait pourtant s’il s’est bien défendu ! Il a parlé durant plus de deux heures dans un silence solennel. Tout le monde était troublé. Ah ! ses deux avocats n’ont pas été brillants après lui, j’en réponds !… Le chef de jury lui-même bredouillait quand il a lu la sentence. Enfin, il a déclaré que ses collègues et lui étaient d’avis de le recommander à l’indulgence du Gouvernement… Mais, pour moi, je crois que… autant recommander à l’indulgence d’un Indien son ennemi !

— Oui, observa Jean. Mais on pourrait p’t’être profiter de ces quéques semaines pour le faire s’ensauver de prison…

— N’y comptez pas ! Ils le surveillent de trop près…

La conversation se poursuivit longtemps ainsi.

Ils arrivèrent enfin aux bords de la Saskatchewan.

Ils embarquèrent aussitôt, et, une demi-heure après, ils gagnaient la ferme Cadotte.

Tout le reste de la journée passa pour Henry de Vallonges à épuiser le sujet attristant du procès de Louis Riel. Ses auditeurs ne se lassaient pas