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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/357

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les arpents de neige

de s’en faire répéter les détails : en sorte que ce fut seulement après le repas du soir que, sur une question de Jean La Ronde, il donna des renseignements sur son voyage. Il avait été excellent à tous égards ; ses affaires étaient réglées pour le mieux en France, et il revenait au Canada avec la ferme intention de s’y fixer désormais.

— Je me suis arrêté près d’une semaine à Ottawa à mon retour, déclara-t-il. J’ai pu, grâce à mes lettres de recommandation, être reçu par un des ministres, qui est, lui-même, d’origine française, et il m’a accordé tout ce que je lui demandais. J’ai donc la grande satisfaction de vous annoncer qu’au cas – probable — de reprise des opérations cadastrales et de lotissement des terres, vos héritages vous demeureront ; j’ai fait tout ce qu’il fallait pour cela… Les capitaux – sérieux, je puis le dire – que j’ai apportés de France vont me permettre à moi-même d’acquérir un domaine assez vaste, composé de quelques fermes dont les propriétaires sont morts dans la récente guerre sans laisser d’héritiers… Il ne faut, à aucun prix, que ces fermes mises en valeur par les Bois-Brûlés, des moitiés de Français par le sang et des Français dévoués par le cœur, deviennent la propriété de sociétés anglaises ou américaines… Je les acquiers… De plus, mes amis, je mets une partie de mes fonds à votre disposition, sans restriction, pour vous aider à rétablir vos fortunes plus que compromises par les derniers événements… Quant à vous, Jean, je vous réserve…

Un bruit de chaises remuées interrompit le dis-