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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/361

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XXXI
les dernières heures de riel

L’automne était venu.

Depuis trois mois et demi, le chef des Bois-Brûlés, emprisonné à Régina, attendait la décision du Gouvernement qui devait ou ratifier la sentence de la Haute-Cour ou commuer sa peine…

Sur une étendue de pays quinze fois grande comme la France, on prononçait le nom de Louis Riel pour le glorifier ou pour le maudire.

Dans tout le Bas-Canada, où domine l’élément français, un cri de réprobation s’était élevé à la nouvelle de sa condamnation à mort. Dans le Haut-Canada, au contraire, et surtout dans la province d’Ontario, on tenait cette condamnation pour juste, car on estimait qu’il s’était rendu coupable du crime de haute trahison. On sentait les ministres canadiens hésitants pris entre ce double courant d’opinion, et il en résultait une agitation entretenue par la presse des deux partis, dont l’un parlait au nom des intérêts britanniques, et l’autre au nom de la justice et du droit.

La décision du Gouvernement arriva enfin à Régina le 15 novembre 1885.

Riel devait mourir.

Par une grise après-midi d’automne, le shérif Chapleau vint lui donner avis de l’ordre d’exécu-