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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/367

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XXXII
entre le passé et l’avenir

C’était deux ans après, par une belle fin d’après-midi, en mai.

Un canot, conduit par deux hommes, descendait la Saskatchewan, à hauteur de la paroisse de Saint-Laurent.

Quoique le soleil commençât à décliner, la chaleur était encore très forte, et l’un des bateliers ayant soulevé son chapeau de paille pour éponger son front, l’ardent soleil illumina soudain une abondante chevelure rousse :

— Allons ! tu jouiras du Canada chaud après avoir tâté du Canada froid ! lui lança joyeusement Henry de Vallonges qui tenait la barre. Mais il ne faut pas que ça t’empêche de nager, tu sais. Reprends les rames. Nous ne sommes pas encore à la ferme Cadotte.

Le vicomte n’avait guère changé en cette couple d’années. Peut-être son teint était-il un peu plus rouge à cause de ses courses continuelles au grand air ; peut-être, aussi, sa longue moustache de gaulois lui cachait-elle un peu plus les lèvres. Mais, sous la chemise de flanelle qui lui couvrait le torse, on devinait un corps toujours souple et nerveux.

Son compagnon, visiblement plus jeune, bien qu’il portât une barbe en pointe aussi rousse que