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IV
de charybde en scylla

Une sensation de fraîcheur rappela miss Clamorgan à la vie.

Elle remua un peu la tête, puis ouvrit de grands yeux vagues dans la clarté encore indécise de l’aube. Peu à peu, ses regards s’animèrent jusqu’à briller du plus vif éclat lorsqu’elle eut reconnu son père assis auprès d’elle. Un étranger se tenait à ses côtés.

— Comment vous sentez-vous, Elsie ? demanda le fermier avec son flegme habituel.

Elle répondit simplement :

— Bien.

Mais, aussitôt, elle s’inquiéta :

— Où sommes-nous ? Le radeau…, les Indiens…

— Il n’est plus question de cela, Elsie. Nous sommes hors de danger.

Puis, se tournant vers son voisin, il ajouta :

— Et c’est ce gentleman qui nous a sauvés…

Elle jeta un coup d’œil sur le personnage qu’on lui présentait. C’était un grand garçon d’une vingtaine d’années, brun comme un Mexicain, dont il avait le type fin et l’air aristocratique, bien qu’il portât la blouse en peau tannée et les pantalons de cuir, ornés de rassades, des trappeurs du Nord Ouest.