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les arpents de neige

— Parbleu ! c’est ben elle !… C’est la cavale à Jean La Ronde.

Et, se tournant vers les fugitifs, il demanda en anglais, cette fois, et d’un ton sévère :

— Comment se fait-il qu’elle soit en votre possession ?

En quelques mots brefs, le fermier narra l’aventure.

— Voilà qui est bien invraisemblable, observa le Métis. Un demi-blanc faire cadeau de sa jument à des Anglais ! En vérité, vous nous prenez pour des imbéciles ! Vous allez nous suivre à Batoche !

Hughes Clamorgan voulut protester :

— Ce que vous faites est arbitraire, dit-il. Nous sommes des non-combattants, de libres sujets de la reine. Vous vous exposez de gaieté de cœur aux sévérités de notre Gouvernement !

L’homme, à ces rodomontades, haussa les épaules :

— Peu m’importe ! L’histoire de cette jument doit être éclaircie. Apprêtez-vous à nous suivre à Batoche.

Les autres cavaliers s’étaient rapprochés. Sur un signe de leur chef, ils encadrèrent les deux Anglais, et la petite troupe, augmentée de ses prisonniers, se dirigea vers le Sud.