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V
un point noir

Résolu à se défendre à Batoche jusqu’à la dernière extrémité, Louis Riel venait d’appeler à lui tous les Métis des settlements environnants et ceux qui, plus rudes encore, vivaient dans la prairie de la vie nomade des Indiens.

Il avait fait fortifier le cimetière, mis en état de défense les alentours du bac, seuls points vraiment importants, le reste du village consistant en « log-huts », habitations très primitives faites de troncs de sapin, égrenées sur les bords de la rivière, quelques-unes blanchies à la chaux, mais toutes entourées de quelques arpents de terre assez bien cultivés et donnant accès à la Saskatchewan.

Chaque jour arrivaient au gué de Batoche des settlers de sang-mêlé avec leurs approvisionnements et leurs bestiaux et des bandes de trappeurs étranges aussi basanés que des Peaux-Rouges, qu’ils rappelaient par la silhouette et l’allure. Au reste, il se trouvait parmi eux bon nombre de sauvages venus des réserves voisines, de celle de « One-Arrow » particulièrement, toute proche de la paroisse de Saint-Laurent. Ceux-là étaient reconnaissables à leurs grands airs nonchalants plus encore qu’à leurs faces glabres encadrées de che-