Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/55

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Billoin était là. Il pourrait mieux vous expliquer que nous ce qui est arrivé.

— Tenez, monsieur le marquis, j’aime mieux vous dire la chose d’un coup. Un galvaudeux y a logé une balle dans la cuisse droite. J’ai entendu la détonation. Je suis accouru, j’ai interrogé ces hommes qui ont tiré le cerf de la mare ; puis le vacarme des chiens dans le fourré m’a fait penser qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire et j’ai marché dans la direction du bruit. Quand je suis arrivé à la mare, le cerf était noyé et les chiens s’acharnaient dessus. C’est alors que Philibert est survenu. L’homme qui a fait cela, conclut le garde en serrant les poings tournés involontairement vers les bûcherons, en voulait à moi ou à monsieur le marquis.

— Qui vous fait penser cela, s’écria M. de Curvilliers au paroxysme de la colère ?

— C’est fort simple, répliqua Billoin. Celui qui guettait le dix-cors savait bien qu’il ne pouvait le soustraire aux chiens en le cachant. Or, l’emporter était impossible. Il y a un garde dans presque toutes les allées. Les piqueurs sont sous bois, les cavaliers courent dans les directions les plus opposées, là dans les sentiers, ailleurs dans les avenues.

— Vous avez raison, Billoin ; mais c’est incroyable qu’un braconnier ose en plein jour se moquer de moi et de mes gardes. C’est incroyable, Billoin.

Ecoutez je ne vous fais pas de reproches, quoique vous les méritiez à tous égards, puisque je vous ai recommandé de ne laisser pénétrer personne sous bois pendant la chasse, mais je vous ordonne de faire dorénavant une guerre impitoyable à tous ces maraudeurs, qui, non contents de voler mon gibier, s’attaquent au plaisir qu’ils savent que j’éprouve à courre le cerf.

Vous m’amènerez. Loriot, votre chef, afin que je lui confirme mes ordres.

Ah ! messieurs les braconniers, j’ai pu être indulgent jadis, mais maintenant vous me trouverez inexorable. Il vous en cuira de m’avoir fait terminer la chasse d’aujourd’hui d’une façon aussi lamentable. Vous goûterez de la correctionnelle, anssi vrai que je m’appelle de Curvilliers.

Vous entendez vous autres, dit-il en s’adressant aux