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masse doivent avoir la même force ; or, par expérience, il a trouvé[1] que le cœur a le même volume que les deux muscles temporal et masseter ; il reconnaît alors[2] que la force que la nature emploie à enfler les fibres charnues du cœur dans ses contractions est égale à 3000 livres.

Il compare ensuite[3] cette force motrice du cœur évaluée à 3000 livres à la résistance que présente le sang dans le système artériel, et trouve cette résistance 60 fois plus grande ; mais comme le cœur par son action surmonte cette résistance, il faut donc qu’il ait une force 60 fois plus grande que 3000 livres, c’est-à-dire 180000 livres[4].

Tel est le travail de Borelli sur la force du cœur.

Nous n’examinerons pas les théorèmes d’hydrodynamique par lesquels il reconnaît que la résistance du sang dans le système artériel est 60 fois plus grande que 3000 livres ; nous ne parlerons pas de cette identité de forces supposée entre le cœur et les muscles temporal et masseter réunis, non plus que de tant d’autres assertions plus ou moins vagues qu’on rencontre dans le cours de l’ouvrage ; nous nous bornerons à dire que, s’il est permis de chercher à ramener l’évaluation des forces de l’économie à des calculs mathématiques, c’est un tort inexcusable que de recourir à des moyens pareils de recherche et d’examen, lorsque la question même s’y refuse, et qu’on ne peut réellement la résoudre qu’à l’aide d’hypothèses et de combinaisons tout à fait hasardées.

Quoi qu’il en soit, concluons en disant que Borelli a déterminé, dans son travail sur la force du cœur, la force qu’exerce, suivant lui, la nature pour enfler les fibres musculaires de cet organe lors de sa contraction. Voyons si Keill s’est proposé le même objet.

  1. Part. ii, cap. 5, prop. 66
  2. Id., prop. 67
  3. Id., prop. 70, 71, 72
  4. Id., prop. 73