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n’avons qu’à passer en revue les travaux qui se rapportent à ce sujet. Dans l’exposition que nous allons donner, nous n’examinerons pas la valeur des moyens que les uns et les autres ont employés ; un pareil travail nous éloignerait de la solution pure et simple de la question que nous nous sommes posée ; cependant, tout en nous renfermant dans les bornes du sujet, nous ne pourrons taire quelques réflexions critiques, dont le but sera d’éclairer l’intelligence des procédés employés, ou bien de faire connaître, à la première vue, toute leur nullité.

Nous commencerons par Borelli.

Borelli, dans la première partie de son ouvrage De motu animalium, traite de l’action des muscles externes ; dans la seconde partie, de la force des muscles internes, et par conséquent de celle du cœur ; comme il se fonde, pour déterminer cette force, sur un certain nombre de propositions prises dans la première partie, occupons nous d’abord de ces propositions, tout à fait nécessaires à l’intelligence de la question.

Pour évaluer la force des muscles, supposons, par exemple, qu’il s’agisse des muscles biceps et brachial antérieur réunis[1]. Le membre supérieur étant dans une position horizontale, l’avant-bras est alors maintenu par l’action de ces deux muscles ; il applique à l’extrémité des doigts de la main un poids qu’il augmente successivement, jusqu’à ce que l’avant-bras ne puisse plus être soulevé ; ce poids est de vingt-six livres ; ensuite il prend le poids de l’avant-bras, et ayant égard à son centre de gravité, il remplace ce poids par deux livres appliquées au même point que les vingt-six livres, de sorte que les deux muscles font équilibre à un poids de vingt-huit livres, abstraction faite du bras du lévier ; il mesure la distance du point où sont appliquées les vingt-huit livres au point fixe du lévier, point qui se trouve au centre de la poulie que présente l’extrémité inférieure de

  1. De motu animalium.La Haye. 1745, in-4o, part. 1, cap. 8, prop.22.