Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/27

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Perſonne mieux que moy n’obſerve le ſilence,
Car toujours je m’endors d’abord qu’elle commence.

L’ACTRICE.

J’eſpere que demain vous veillerés pour moy.

LE FINANCIER.

Hé, mais, J’aplaudiray, mais ſans ſçavoir pourquoy ;
Car enfin mon malheur, eſt d’avoir la foibleſſe,
d’ignorer le mauvais, ou le bon d’une piece.

L’ABBÉ.

Comment jugés vous donc d’une ouvrage d’eſprit ?

LE FINANCIER.

Je regle mon avis, ſur ce que chacun dit.
Par exemple, en voyant pleurer dans une Scene,
Je m’attendris, je ſens que cela me fait peine ;
Et ſans ſçavoir auſſi, n’y pourquoy, ni par où,
Quand le Parterre rit, ôh je ris comme un fou.

LE CONSEILLER.

Vous voyés qu’il n’eſt pas un homme qui déguiſe.

L’ACTRICE.

Il parle comme il penſe, & j’aime ſa franchiſe.


Scène XI.

LA BARONE, LA COMTESSE, L’ACTRICE, LE CHEVALIER, LE CONSEILLER, L’ABBÉ, LE FINANCIER, LISETTE, UN LAQUAIS DE LA BARONE.
LISETTE.

La lettre au Conſeiller l’a rendu furieux

LA BARONE, en déclamant.

Si Titus eſt jaloux, Titus eſt amoureux,