Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/32

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“ Je cours à mon ſuplice, & non pas au combat,

LA BARONE.

Jufqu’a ſon jeu muet, on voit qu’elle à de l’ame,
C’eſt une grande Actrice avoüés le Madame ;
Sur les autres demain on va crier haro.

LA COMTESSE.

Chimene eſt un prodige.

LE FINANCIER.

Et Rodrigue un Zero.

L’ABBÉ, continuë.

“ Et ma fidele ardeur ſçait bien m’ôter l’envie,
“ Quand vous cherchés ma mort, de deffendre ma vie ;
“ J’ay toûjours même cœur, mais je n’ay point de bras,
“ Quand il faut conſerver ce qui ne vous plaît pas.

LE FINANCIER.

Mr. l’Abbé, haut les bras.

L’ABBÉ.

Et pourquoi m’interrompre, il prend bien de la peine ;
C’eſt gâter à plaiſir le plus beau d’une Scene.

CHEVALIER.

Il a raiſon, ſilence, il récite aſſez bien.

LE FINANCIER.

Qu’il geſticule donc, je ne diray plus rien.

LA BARONE.

Qu’on le laiſſe achever moy j’en ſuis fort contente
Avec un air aiſé je vois qu’il ſe prefente,
Et trouve qu’il ſeroit excellent dans ſon jeu
S’il avoit de la voix, des geſtes, & du feu.
Mais venons je vous prie à la fin de la Scene,
C’eſt à vous à parler.